Mai 20, 2012

115 Jahre Camillo Berneri

Camillo Berneri, ein Philosophielehrer aus Lodi, war sicherlich einer der interessantesten anarchistischen Autoren aus Italien. Berneri hielt sich übrigens Anfang der 1930er in Luxemburg auf und hatte eine Wohnung in Rodange bezogen, wurde aber bereits nach 14 Tagen von der hiesigen Polizei des Landes verwiesen (Berneri war zuvor zweimal wegen Attentatsplänen auf den italienischen Justizminister Rocco zu Gefängnisstrafen verurteilt worden). Am 5. Mai 1937 ist Berneri, der im spanischen Bürgerkrieg mit anderen italienischen Anarchisten in Ascaso-Kolonne kämpfte, von Militanten des katalanischen Ablegers der Kommunistischen Partei Spaniens, der PSUC, ermordet worden.

Rezente Literatur über Berneri (in italienisch): Stefano D’ERRICO, Anarchismo e politica. Nel problemismo e nella critica dell’anarchismo del ventesimo secolo, il ‚programma minimo‘ dei libertari del terzo millennio. Rilettura antologica e biografica di Camillo Berneri, Milano, 2007. – Carlo DE MARIA, Camillo Berneri. Tra anarchismo e liberalismo, Milano, 2004.
 
Hier ein auf mondialisme.org gefundener Text vom 18. Januar 1936, in dem sich Berneri vom karikaturalen (in Spanien: fanatischen) Antiklerikalismus der Anarchisten abgrenzt und auch diesbezüglich für Toleranz plädiert:
 
Le prolétariat ne se nourrit pas de curés.
 
(...) Eh bien, je déc­lare, bien que je ne pra­ti­que aucun culte et ne pro­fesse aucune reli­gion, que je n’en serais pas moins, dans le cours de la révo­lution ita­lienne, à côté des catho­li­ques, des pro­tes­tants, des juifs, des Grecs ortho­doxes, chaque fois que ceux-ci reven­di­que­ront la liberté reli­gieu­ses pour tous les cultes. Considérant que j’ai eu l’occa­sion de cons­ta­ter que mon atti­tude et mes propos ne recueillent pas l’assen­ti­ment général de mes cama­ra­des de foi et de lutte, je crois utile d’expli­quer mon opi­nion sur la ques­tion, et je le crois utile d’autant plus qu’au-delà de la valeur du prin­cipe, j’aperçois des erreurs révo­luti­onn­aires por­teu­ses à mon avis de dom­ma­ges et de dan­gers très graves. Chaque intel­lec­tuel devrait (...) pren­dre comme devise les mots de Voltaire 'Monsieur l’Abbé, je suis convaincu que votre livre est plein de bêtises, mais je don­ne­rai la der­nière goutte de mon sang pour vous assu­rer le droit de publier vos bêtises'. Aucun anar­chiste, dis-je, ne peut repous­ser ce prin­cipe sans cesser d’être anar­chiste. Quand, au cours du der­nier congrès mon­dial de l’AIT, je disais aux délégués espa­gnols qu’il fal­lait considérer l’anti­clé­ri­cal­isme déf­endu par la CNT et par beau­coup d’éléments de la FAI comme non anar­chiste, borné et fou, et que l’un des fac­teurs de succès des cou­rants fas­cis­tes espa­gnols était cet anti­clé­ri­cal­isme, j’avais sous les yeux un texte de déli­bération rédigé par les anar­chis­tes espa­gnols où l’on pré­co­nisait l’inter­dic­tion des pra­ti­ques cultuel­les tout en tolérant les sen­ti­ments intérieurs (comme si ces sen­ti­ments n’étaient pas tota­le­ment libres sous le talon de Mussolini, comme celui de Hitler et de Staline). L’anti­clé­ri­cal­isme prend sou­vent le caractère de l’Inquisition... ratio­na­liste. Un anti­clé­ri­cal­isme non libéral, quelle que soit sa colo­ra­tion d’avant-garde est fas­ciste. Non seu­le­ment fas­ciste, mais pas très intel­li­gent.
Malatesta a tou­jours réprouvé les fana­ti­ques... de la Libre Pensée. En rap­por­tant cette nou­velle parue dans un jour­nal anar­chiste ('A Barcelone, une bombe a éclaté dans une pro­ces­sion reli­gieuse, fai­sant qua­rante morts et on ne sait com­bien de blessés. La police a arrêté plus de 90 anar­chis­tes avec l’espoir de mettre la main sur l’héroïque auteur de l’atten­tat'), Malatesta com­men­tait ainsi, dans le numéro unique de L’Anarchia (août 1896) : 'Aucune raison que la lutte pour­rait jus­ti­fier, aucune excuse, rien ; est-il héroïque d’avoir tué femmes, enfants, hommes sans déf­ense parce qu’ils étaient catho­li­ques ? Cela est déjà pire que la ven­geance : c’est la fureur mor­bide de mys­ti­ques san­gui­nai­res, c’est l’holo­causte san­gui­naire sur l’autel de Dieu ou d’une idée, ce qui revient au même ; ô Torquemada ! ô Robespierre !' [...]
[...]
Si pres­que tous les anti­clé­ricaux refu­sent de croire qu’il puisse y avoir des prêtres intel­li­gents, cultivés et exerçant séri­eu­sement et honnê­tement leur fonc­tion, de minis­tre du culte catho­li­que, pro­tes­tant ou juif, cela signi­fie que pres­que tous les anti­clé­ricaux sont, à leur façon, des clé­ricaux. L’anti­clé­ri­cal­isme, déjà phi­lo­so­phi­que­ment pauvre et scien­ti­fi­que­ment tra­cas­sier et super­fi­ciel, a été en outre en Italie, et est encore en France et en Espagne, borné dans sa per­cep­tion du pro­blème social. Le 'danger clé­rical' a été uti­lisé en Italie comme sub­sti­tu­tif par la bour­geoi­sie libé­rale et par le radi­ca­lisme ; en France, depuis 1871, la lutte contre l’Eglise a permis à la bour­geoi­sie répub­lic­aine d’éviter les réf­ormes socia­les. En Espagne, le répub­li­can­isme à la Lerroux a joué, lui aussi la carte de l’anti­clé­ri­cal­isme, qui, mis en pra­ti­que par la gauche, a permis à la coa­li­tion catho­li­que fas­ciste de se dével­opper. Il faut en finir avec cette spé­cu­lation. Le prolé­tariat ne se nour­rit pas de curés. [...]
Les anar­chis­tes doi­vent avoir foi dans la liberté. Quand l’ins­truc­tion sera ouverte à tous, quand la misère du prolé­tariat aura dis­paru, quand les clas­ses moyen­nes se seront moder­nisées, le clergé ne pourra plus, une fois perdus ses pri­vilèges de caste, rem­plir entiè­rement ses fonc­tions. Déjà, dans l’après-guerre, les séminaires étaient dép­euplés et, sou­vent, il y avait de jeunes prêtres qui, une fois le titre pro­fes­sion­nel obtenu, jetaient leur sou­tane aux orties. Quand, dans chaque vil­lage, les cer­cles cultu­rels, les cer­cles récré­atifs, les asso­cia­tions spor­ti­ves et de théâtre ama­teur, le cinéma, la radio, etc., éloig­neront la jeu­nesse de l’Eglise et des cer­cles récré­atifs catho­li­ques ; quand une vie de couple plus har­mo­nieuse per­met­tra à la femme d’éch­apper aux char­mes de la confes­sion et au besoin de réc­onfort reli­gieux ; quand face au dogme il y aura la chaire du maître et que le prêtre ne sera plus appelé à pon­ti­fier mais à un débat public et ouvert ; quand, enfin, le grand souf­fle de la révo­lution aura balayé pres­que tous les éléments qui ren­for­cent et cor­rom­pent le clergé et qui se sou­met­tent à son pou­voir : l’igno­rance de l’enfance, la jeu­nesse sans hori­zons, la féminité frus­trée et avide de sou­tien moral, alors qu’en sera-t-il du 'danger clé­rical' ?
Quand la révo­lution aura gagné les esprits, les églises ne seront plus que les monu­ments d’une puis­sance abat­tue, comme l’arc impérial et les châteaux féodaux ; leurs clo­ches seront silen­cieu­ses, leurs nefs vides de chants litur­gi­ques, leurs autels dépouillés d’or et de cier­ges. Mais tant qu’elle sera vic­to­rieuse sur les choses, muette et tra­ves­tie sous le regard inqui­si­teur des Jacobins, vain­cue et dis­persée en appa­rence, mais sous les cen­dres plus que jamais vivante, l’Eglise res­sus­ci­tera tôt ou tard, peut-être ren­forcée. L’anti­clé­ri­cal­isme anar­chiste ne peut être ni anti­libéral ni sim­pliste.
Camillo Berneri


(Ich habe gegenüber dem Text bei mondialisme.org, der bereits gekürzt ist (...), noch weitere Ausschnitte vorgenommen [...])

Keine Kommentare: